Daytona et Sebring 2016 : Deux victoires mythiques pour le constructeur
2021, année de l'arrivée des LMP3 en championnat IMSA WeatherTech SportsCar Championship. Et pour Ligier Automotive, celle de sa première victoire dans cette nouvelle catégorie aux 24 Heures de Daytona avec la Ligier JS P320 #74 de l'équipe Riley Motorsports. Avec trois tours d'avance (lire l'article ICI). Deux mois plus tard, nouvelle victoire aux 12 Heures de Sebring avec la Ligier JS P320 #54 de CORE Autosport (lire l'article ICI). Des victoires qui en rappellent d'autres sur ces circuits mythiques. Celles de la Ligier JS P2-Honda #2, la LMP2 « made in France » de l'équipe américaine Tequila Patron Extreme Speed Motorsports qui s'est imposée en 2016 sur le terrain de jeu des Daytona Prototypes. À Daytona d'abord, où Ligier Automotive est ainsi devenu le premier et unique constructeur français à remporter cette épreuve. Et à Sebring dans la foulée, avec la même voiture et le même équipage. Retour sur cette première aventure franco-américaine.
L'aventure avait commencé comme un défi.
Tequila Patron Extreme Speed Motorsports avait engagé deux voitures en WEC pour la saison 2016, deux Ligier JS P2-Nissan et décidé de se concentrer sur ce championnat international. Séduite par les performances du châssis Ligier muni de la motorisation Honda déjà adopté par un autre team, l'équipe américaine décide de porter ses couleurs sur son sol natal. Elle entre en contact avec Ligier Automotive pour participer à la plus prestigieuse course de son pays, les 24 Heures de Daytona, les 30 et 31 janvier 2016. Une décision prise sur le tard, qui ne simplifie la tâche de personne ! Mais les deux parties aiment les challenges. « La base de la voiture était excellente, se souvient Philippe Dumas, Team Principal de OAK Racing, et avec un lourd travail de développement, de la sueur et des larmes, une bonne collaboration entre les deux équipes, et le renfort de l'équipe d'exploitation OAK Racing, on est arrivé à une voiture très compétitive. » Si compétitive que la Ligier JS P2 #2 réussit le deuxième temps des essais qualificatifs avec un audacieux pilote de 22 ans au volant, Pipo Derani. Ce temps ne fait pas oublier les inquiétudes classiques liées à la nécessaire fiabilité sur une épreuve de 24 heures, ni l'expertise d'équipes concurrentes très aguerries et d'équipages 100% professionnels. Aux côtés du jeune Brésilien, les pilotes Scott Sharp, Ed Brown et Johannes van Overbeekes vont réaliser un sans-faute. Et au fil de la course chacun se prend à rêver du podium, puis de la victoire.
« Sur la grille, après des qualifications très disputées, sous une pluie battante, je pensais à ce que cette course signifiait pour chacun de nous et à quel point il était important d'au moins passer la ligne d'arrivée, raconte Pipo Derani. C'était à la fois beaucoup de pression et beaucoup de joie d'avoir l'opportunité de se battre pour une course comme Daytona, avec une voiture capable de gagner. La course a été pleine de hauts et de bas mais la voiture s'est très bien comportée pendant toute l'épreuve. A la fin, il ne restait plus que deux voitures en tête et il n'était pas question de se contenter de la deuxième place. On est passé devant en remportant ce qui est à coup sûr la plus belle victoire de ma carrière. »
« Ce que Pipo oublie de dire, c'est qu'il a fait un gros relais à la fin de la course et un dépassement magistral, précise Philippe Dumas. Ce jour-là on avait une bonne étoile. Je ne veux pas dire que ça a été facile, mais la fin de course s'est vraiment bien passée. La dose d'adrénaline, c'était la peur de casser. Et on n'a pas cassé, la voiture était vraiment compétitive ! »L'aventure ne s'est pas arrêtée là. ESM a été tellement séduite que l'équipe a réussi à débloquer des budgets avec Tequila Patron. Deux mois plus tard, elle s'attaquait aux 12 Heures de Sebring !
« A Sebring, c'était différent, on est vraiment allé chercher la victoire, se souvient Philippe Dumas. On avait tous la rage de vaincre et on a gagné à la force du poignet ! Un grand moment de sport automobile en tant que constructeur. La voiture était très compétitive mais il y avait une grosse concurrence et un bon équilibre de performance. On a fait des choix audacieux, notamment en passant en pneus slicks dans le premier tiers de la course avant les autres concurrents. Nos options ont été transcendées par un petit Pipo Derani qui s'est révélé être un attaquant redoutable. »
« A quinze minutes de la fin, explique Pipo nous étions en tête quand a surgi un drapeau jaune. Nous en avons profité pour faire de l'essence et changer les pneus. Renvoyés en quatrième position au restart, à 12 minutes de la fin, il allait falloir se contenter du podium. Mais je me suis dit que c'était peut-être la seule chance de ma vie de gagner Sebring. J'avais la voiture pour. Et j'ai réussi à dépasser mes adversaires les uns après les autres. Nous sommes devenus « les vainqueurs des 36 Heures de Floride » ! Ces deux courses ont changé ma vie, et ça n'a été possible que grâce à une voiture incroyable et une grande équipe. »
Ligier Automotive et ESM ont continué leur collaboration main dans la main. Avec succès. D'abord cette année-là avec les deux autres grandes épreuves de la North American Endurance Cup, Watkins Glen puis Petit Le Mans. Ensuite dès 2017 dans la catégorie DPi, qui succède aux Daytona Prototypes. Et en 2018 ESM offre à Ligier Automotive sa deuxième victoire aux 12 Heures de Sebring avec la Nissan-DPi #2. Mais ça c'est une autre histoire…