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La toute-première Ligier, la JS1

En 1969 Guy Ligier décide de changer de statut. De passer de pilote confirmé à constructeur de voitures de course débutant. De réaliser le rêve qu'il a longtemps partagé avec son grand ami et coéquipier, Jo Schlesser : « construire de bonnes voitures ». De cette volonté nait la JS1. Première d'une longue lignée, elle arbore les initiales de Jo Schlesser, mortellement accidenté l'année précédente lors du Grand Prix de France de Formule 1.

La Ligier JS1 entre en scène pour la première fois en octobre au Salon de l'Automobile de la Porte de Versailles à Paris. Une entrée en scène in extremis car la petite GT n'est prête que quelques heures avant l'inauguration du Salon, mais une entrée en scène remarquée. Dans une belle robe rouge orangé.

Destiné à concurrencer les Porsche 911, les Alpine et les Dino Ferrari, le coupé, entièrement dévolu à la compétition, reste de conception classique pour l'époque : un châssis poutre conçu par Michel Têtu et habillé d'une élégante carrosserie en polyester signée Pietro Frua. La première JS1 est équipée d'un moteur Ford Cosworth FVA de 1600 cm3, quatre cylindres en ligne, en position centrale arrière. Elle avoisine les 700 kg. C'est dans les ateliers d'Abrest, près de Vichy, qu'elle voit le jour. Comme les modèles qui lui succèderont, tout au long d'une vingtaine d'années.

Première victoire à Albi en 1970

La JS1 fait ses premières armes en rallye au Critérium des Cévennes dès novembre 1969. Entre les mains de Guy Ligier qui reprend du service, Michèle Dubosc, chronométreuse réputée à ses côtés. Hélas, une rupture du support moteur met fin à l'aventure. L'année suivante, le moteur initial cède la place à un Cosworth FVC de 1790 cm3. Et Guy Ligier signe la première victoire de la JS1 à Albi en mars pour sa première entrée au Championnat Européen Sport Prototype 2 litres. Puis il accroche une deuxième victoire à Monthléry en avril aux Coupes de Vitesse.

Avril à cette époque c'est aussi le mois des essais préliminaires des 24 Heures du Mans. Cette première participation à l'épreuve mancelle sera-t-elle couronnée de succès ? La JS1 porte le numéro 50 et ne se laisse impressionner ni par ses adversaires ni par le déluge qui inonde la piste. Il faut dire que Guy Ligier s'est adjoint un coéquipier particulièrement talentueux, Jean-Claude Andruet. Mais à la huitième heure, alors qu'elle pointe en 18ème position, la Ligier abandonne. En cause la rupture de l'arbre de commande du distributeur. Son moteur n'était vraisemblablement pas fait pour l'endurance…

L'été est mis à profit pour modifier la voiture pour pouvoir accueillir le V6 de la Ford Capri 2600 RS avec pour objectif le Tour de France Automobile à l'automne. Sans succès pour autant.

Un seul exemplaire restant

Produite en trois exemplaires seulement, la JS1 ne peut prétendre qu'à des engagements en catégorie Prototype, alors qu'elle est très proche d'une GT de série. Elle doit affronter des adversaires beaucoup mieux armés et rodés qu'elle. Au bout d'une année d'existence, elle est prête à céder la place à une nouvelle GT de la marque, la JS2. Inspirée de son aînée, celle-ci se destine au marché des voitures de série, et devrait ainsi s'extraire de la catégorie Prototype. Mais la JS2 se fait attendre et en 1971, c'est finalement une barquette, la JS3, qui succèdera à la JS1.

Aujourd'hui un seul des trois châssis de JS1 semble avoir survécu. Entièrement restaurée à partir d'une épave dénichée en 1999, elle fait depuis 2004 quelques rares apparitions, toujours remarquées, lors d'expositions et de courses de véhicules historiques.