F1 MONACO 1996

Monaco 1996 : une victoire de légende

Il y a 25 ans, le 19 mai 1996, Ligier remportait sa première victoire sur le circuit de Monaco. L'équipe française renouait avec la première marche du podium après plusieurs années d'interruption. Olivier Panis au volant de la Ligier JS43 Mugen Honda accrochait la première et l'unique victoire de sa carrière. Le coup d'éclat du jeune pilote français réconciliait les Bleus avec une épreuve qui ne leur avait pas toujours réussi. Olivier Panis en deux heures entrait définitivement dans la légende et supplantait dans le cœur des Français les podiums de 1980 de Didier Pironi et de 1981 de Jacques Laffite. Si Maurice Trintignant est le premier des cinq pilotes français à avoir remporté le GP de Monaco, Olivier Panis reste à ce jour le dernier.

1996. Depuis un an le moteur Mugen Honda remplace sur les Ligier le moteur V10 Renault. Flavio Briatore, nouvel actionnaire majoritaire de Ligier, a en effet dédié le puissant moteur français à son écurie de pointe et ses deux Benetton, emmenées par Gerhard Berger et Jean Alesi. Comme toujours l'argent est le nerf de la guerre. Et faute de moyens suffisants chez Ligier, la JS43 est une évolution de la JS41 de l'année précédente qui bénéficie des améliorations apportées par Frank Dernie et André de Cortanze. Dans les rangs des pilotes, le brésilien Pedro Diniz rejoint Olivier Panis, qui en est à sa troisième année dans l'équipe. Si le père du nouveau venu est un riche industriel, ce qui a pesé dans la balance, le jeune pilote est prometteur. Mais le début de saison n'est pas facile, avec un seul point marqué en cinq Grand Prix.

Les essais qualificatifs de l'épreuve de la Principauté ne sont pas non plus de bon augure. Quatorzième temps pour la #9 d'Olivier Panis pénalisé par des problèmes électroniques et dix-septième pour la #10 de Pedro Diniz. Un départ loin sur la grille sur un circuit sinueux où les dépassements sont très difficiles. C'est pourtant dans ce domaine que le pilote français va se montrer téméraire et créer la surprise en course.

Le départ est donné sur une piste détrempée et glissante qui ne pardonne pas la moindre erreur. Les pilotes doivent se livrer à un exercice d'équilibriste. A l'arrivée quatre franchiront la ligne d'arrivée et sept seulement seront classés ! Cinq voitures ont déjà quitté la patinoire au premier tour. Et non des moindres, Michael Schumacher en tête. Au dixième tour alors que la piste commence à peine à s'assécher la moitié des concurrents a abandonné ! Olivier de son côté ne commet aucune erreur et attaque ses adversaires. Au 25ème tour il est septième après avoir dépassé Johnny Herbert et sa Sauber dans le virage du Loews.

La JS43 est partie avec le plein, 100 kg de charge, qui sous la pluie ou une piste mouillée ne sont pas un réel handicap. Et selon les estimations des ingénieurs, elle ne devrait pas avoir besoin de ravitailler si le changement de pneus n'est pas nécessaire avant le 26ème tour car la consommation du moteur Mugen Honda reste raisonnable dans ces circonstances. Pari risqué, mais pari gagné. Le besoin de chausser des pneus slicks intervient au 28ème tour et Olivier fait un passage éclair au stand contrairement aux autres concurrents qui perdent du temps à ravitailler. Damon Hill et Jean Alesi continuent de mener la danse, mais le pilote Ligier remonte sur l'impétueux irlandais Irvine et sa Ferrari. Et c'est à nouveau au Loews qu'il va régler son compte à son adversaire dans une manœuvre pour le moins osée où les roues des deux monoplaces entrent en contact. Ce qui projette Irvine dans le rail. Olivier vient de gagner son podium. Mais la chance, ou la malchance de ses adversaires, va donner un coup de pouce au jeune Français. Le moteur Renault de la Williams de Damon Hill explose et Jean Alesi et sa Benetton doivent rentrer au stand pour un problème de suspensions. La voie est libre pour Olivier mais tout peut encore basculer. Il doit surveiller sa consommation de près, prendre garde à la pluie qui s'invite à nouveau, et résister aux assauts de David Coulthard et de sa McLaren Mercedes.

Après deux heures d'une course pleine de rebondissements, Ligier, Olivier Panis et ce Grand Prix de Monaco 1996 entrent définitivement dans les mémoires. Avec une victoire et un 50ème podium pour Ligier qui clôture ses 21 années de F1 en apothéose. Car l'heure a sonné pour l'équipe de Magny-Cours et son fondateur de rendre les armes. Le financement de l'écurie s'avère de plus en plus difficile et les emplois sont menacés. Alain Prost finit par se décider et signe début 97 le rachat de l'écurie. Il est désormais seul maître à bord et Ligier après 9 victoires, et 326 Grands Prix se retire définitivement de la scène de la Formule 1. Mais de la Formule 1 seulement !


Crédit photo : DPPI Images