Ligier JS2 Tour Auto 1974

Tour de France automobile 73 et 74, les Ligier JS2 en vedette !

Le 30 avril 2022 après cinq jours d'épreuves prenait fin dans la Principauté d'Andorre le Tour Auto 2022. Et Ligier venait d'y laisser son empreinte ! La Ligier JS2 #251 de Mister John of B et Le Commandeur signait la victoire au classement général du Groupe H-I. Une victoire d'une courte tête devant Porsche et Ferrari pour la petite Française en configuration Le Mans 1975 équipée du moteur Cosworth, qui s'est montrée particulièrement à l'aise dans les épreuves sur circuit. Un succès qui rappelle les Tours Auto de 1973 et 1974 où les Ligier JS2 ont acquis leurs premiers titres de noblesse.

A cette époque-là le Tour Auto s'appelle encore le Tour de France automobile. Vieille de plus d'un siècle, cette compétition associe épreuves de rallye et sur circuit. Une combinaison idéale pour la Ligier JS2, la nouvelle GT de la marque qui renoue avec le projet d'origine du constructeur : produire une voiture de série. Après une apparition au Salon de Paris en 1970, la JS2, conçue par Michel Têtu et dérivée de son aînée la JS1, ne fait sa véritable entrée en scène qu'en 1972. Car entre temps Ford, qui devait fournir le moteur, a fait faux bond au constructeur français. Et c'est équipée du moteur V6 Maserati, qui propulse les Citroën SM, que la JS2 entend s'attaquer à ses rivales. Mais les ventes de la voiture de série ne décollent pas et faute des 500 exemplaires requis pour évoluer dans sa catégorie légitime, le groupe des GT, la JS2 est hissée en compétition dans la classe des prototypes 3 litres Elle ne peut pas se battre à armes égales avec les concurrentes de cette catégorie et sa première saison se termine sans gloire.

Remaniements et innovations

Il faut pourtant que la JS2 brille en compétition pour susciter l'envie des passionnés de voitures de sport. C'est alors que Guy Ligier, après le départ de Michel Têtu, fait confiance à un tout jeune ingénieur à peine sorti de l'école, Michel Beaujon. Le jeune-homme s'attèle aux remaniements de la JS2 pour la préparer au Tour de France automobile et aux 24 Heures du Mans 1973, les compétitions phares de l'époque. Michel Beaujon nous explique :« La voiture de la saison 1973 a subi d'importantes modifications au niveau mécanique. On l'a aussi beaucoup allégée et on a travaillé sur l'aérodynamisme en greffant un aileron arrière, inspiré d'un profil d'aile d'avion inversé. Un peu une première sur ce type de voiture ! On faisait nos essais entre Boin et Feurs dans la Loire en ligne droite pendant des kilomètres. On arrivait vers 10h du soir avec un mécanicien et on attaquait la ligne droite dans un sens puis dans l'autre. On faisait aussi des essais de nuit en montagne dans le Bourbonnais. Guy disait qu'on voyait dans les virages les phares des voitures qui risquaient d'arriver. C'était une autre époque. »

1973 : premiers coups d'éclats des JS2

Dotée de ses nouveaux attributs, la Ligier JS2 se lance en septembre à l'assaut du Tour de France automobile. Trois JS2 s'alignent sur la ligne de départ, mais dès la deuxième étape, elles ne sont plus que deux, la #114 de Gérard Larrousse et Christian Delferrier et la #115 de Guy Chasseuil et Christian Baron. « À la première étape sur le circuit de Charade, se souvient Michel Beaujon, un incident a énormément pénalisé la #115. Les réservoirs d'essence, des outres en caoutchouc situées dans chaque aile, très règlementaires, s'étaient ouvertes en deux. Guy Chasseuil était immergé dans l'essence. Ça aurait pu tourner à la catastrophe. » Si à elles-deux les Ligier remportent 14 des 17 spéciales de cette édition (11 pour la #115 et 3 pour la #111), la #114 est finalement contrainte à l'abandon et la #115 ne pourra jamais rattraper son retard initial. Elle termine 10ème au classement général. Mais tout au long de la compétition, les deux voitures sœurs mènent la vie dure à leurs rivales immédiates, les Lancia et les Porsche, et ne passent pas inaperçues.

1974 : la revanche des Ligier

En 1974, le public du Tour de France automobile découvre la JS2 dans sa nouvelle livrée bleu métallisé. Adieu le jaune éclatant du sponsor BP, bienvenue aux couleurs de Total ! Les modifications de la JS2 ne concernent pas que sa robe. Michel Beaujon et son équipe ont continué à travailler. L'avant et l'aileron arrière ont été remodelés, ce qui améliore la tenue de route. De son côté le moteur a gagné en puissance. Ces perfectionnements laissent peu de chance à leurs rivales. Les équipages non plus ! Sur la #139, le trio Larrousse/Nicolas/ Rives et le duo Darniche/Jaubert sur la #140 font des étincelles. Les Ligier tiennent leur revanche sur Lancia et Porsche. Elles s'arrogent un magnifique doublé.

Hélas malgré cette victoire on note peu de retentissements sur les ventes. En cause, en grande partie, les nouvelles limitations de vitesse et les conséquences du premier choc pétrolier qui refroidissent les acheteurs éventuels de voitures de sport. Et la JS2 reste figée dans la catégorie prototypes.

Malgré ce handicap la GT française continue son chemin en compétition et c'est finalement avec un V8 Ford Cosworth qu'elle obtient un an plus tard un de ses meilleurs résultats sportifs. Citroën vient d'être racheté par Peugeot et arrête la production des SM et donc du V6 Maserati courant 74. Ligier se tourne pour 1975 vers le motoriste d'origine, qui cette fois accepte de partager son moteur avec la petite équipe française. Si le Tour de France automobile est arrêté, il reste les 24 Heures du Mans. La JS2 n°6 de Chasseuil et Lafosse passe tout près de la victoire et s'adjuge la deuxième place. Ce podium signe pourtant sa fin. Guy Ligier a d'autres projets en tête. Il faudra attendre fin 2018 pour voir renaitre une GT de la marque Ligier, la Ligier JS2 R. Une JS2 R motorisée par Ford !